Que représente l'araignée dans "J'aime l'araignée" de Hugo ?

J'aime l'araignée

 

J'aime l'araignée est un poème de Victor Hugo publié en 1842. Chef de file du romantisme, l'auteur fait l'éloge paradoxal des araignées et des orties. Il appelle à la compassion et l'indulgence envers ces êtres repoussants. On peut donc se demander ce que représente l'araignée dans ce poème. Pour répondre à cette question, je vais dans un premier temps montrer que l'araignée incarne les rejetés de la société, puis dans un second temps que Victor Hugo désigne en fait le mal en général.
 

C'est vrai qu'on peut reconnaître tous les exclus de la société à travers cette araignée.
 

L'araignée est personnifiée à plusieurs reprises : elle possède un « morne souhait », et elle est associée à un « gueux ». Ça nous permet de l'imaginer en tant qu'être humain. Ici, Hugo agit comme La Fontaine, en affectant à des animaux des attributs d'hommes.

 

Elle représente d'abord « la laideur », ce qui montre combien son aspect est répulsif. Hugo la qualifie de « noir être rampant », cela peut signifier qu'elle est à terre, tout en bas de l'échelle sociale, comme une mendiante. Elles sont des « victimes » « chétives », c'est-à-dire faibles et sans défense dans une société où les plus forts l'emportent. Les araignées supplient les passants de leur jeter « un œil moins superbe », c'est à dire moins hautain et plus tolérant. Ces créatures méprisés de tous représentent l'ensemble des êtres miséreux et rejetées.

 

Hormis le fait qu'elle soit une rejetée de la société, l'araignée est associée au mal en général.

 

Le poète entoure l'araignée d'un champs lexical très sinistre : elle est « maudite ». Cet adjectif très fort s'utilise habituellement pour des personnes réellement détestables. Victor Hugo déclare aussi qu'« on les hait » ce qui est hyperbolique pour un petit insecte. L'araignée a « l'ombre des abîmes », elle est la victime de « la sombre nuit ». Ces expressions se rapportent à un univers très obscur.

 

Les araignées sont également montrées comme des êtres malfaisants : elles réalisent elles-mêmes des « guet-apens », de « fatals nœuds ». Dans une strophe de compassion pathétique, Victor Hugo nous appelle à plaindre « la laideur », « la piqûre », « le mal ». L'araignée est décrite comme un redoutable prédateur. Selon les principes de la Grèce antiques, le beau va de pair avec le bien et le laid avec le mal. Ainsi, Hugo encourage le lecteur à être indulgent avec le mal en personne, ici représenté par l'araignée.

 

Pour terminer, les araignées incarnent toute la misère et la laideur inoffensive du monde, mais elles prennent rapidement un aspect de créatures nuisibles. Le mal est donc à plaindre selon Hugo. Dans « le Crapaud » de Tristan Corbière, la laideur est dépeinte de manière poétique, seulement dans ce poème elle représente le poète incompris.  




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